vendredi, décembre 22, 2006

Un bon citoyen se doit de voter.

Donc, en bonne citoyenne et surtout pour faire honneur aux femmes qui se sont battues pour obtenir le droit de vote, j'ai voulu m'inscrire sur les listes électorales de Bordeaux : j'ai déménagé de Rennes il y a à peine 2 mois pour vivre chez mon conjoint, et j'ai appris qu'en cas de déménagement, on se fait automatiquement (enfin, quand l'administration publique y pense) désinscrire de sa commune. Et moi, je veux pouvoir voter pour les présidentielles (le choix étant croustillant cette année). Sachant que j'habite chez mon conjoint, tous les justificatifs de domicile sont à son nom; je viens de changer mon adresse bancaire hier : donc, pas encore de relevé de compte à mon adresse (c'est vrai, j'aurais dû penser à TOUT plus tôt vu que l'administration sait à peine penser); et sur mon bulletin de salaire, mon adresse postale ne figure pas (pourquoi? je sais pas). Je demande donc au propriétaire de mon ami de mettre nos 2 noms sur une quittance de loyer et de nous l'envoyer, puis j'appelle le service des élections de Bordeaux, parce que je suis quand même un peu prévoyante parfois :

- Bonjour, je voudrais savoir quel justificatif de domicile il faut apporter pour déclarer un changement de domicile.
- Et bien, n'importe quelle facture, sauf les factures de téléphone portable, ou alors un bulletin de salaire ou un relevé de compte bancaire.
- Mais (je ne dis pas que j'ai une quittance) je n'ai pas de facture, puisque j'habite chez mon conjoint depuis peu et qu'il paie toutes les factures. Une attestation de sa part ne suffirait pas?
- Non non, il faut une facture à votre nom.
- Et comment je fais pour voter aux présidentielles si je n'ai pas de facture et qu'on me supprime des listes de Rennes?
- Ben si Rennes ne s'est pas encore rendue compte que vous avez changé de domicile, vous pourrez toujours voter par procuration.
[...]
Hahaha!!!

Bon, je sais que j'ai une très jolie quittance de loyer, donc je me pointe à 13h à la mairie (au moins, ils bossent entre midi et deux, rare bon point), et quand c'est mon tour, je la dépose devant le secrétaire qui m'accueille.

- Ah non non (administrativement typique), il n'y a pas de tampon officiel dessus, je ne peux pas l'accepter, je suis désolé (typique aussi).
[bon, le proprio un peu étourdi n'avait pas signé la quittance en plus -- mais il avait quand même laissé un mot signé avec la quittance]
- Ben sinon je n'ai pas d'autre justificatif, je viens tout juste d'aménager chez mon conjoint, comment je fais?
- Ah non non, il faut un justificatif officiel avec votre nom et votre adresse, ou un tampon sur votre quittance, sinon je peux rien faire là...

Du coup, je lui sors une attestation signée de mon conjoint, une photocopie de sa carte d'identité, une facture EDF à son nom (on sait jamais : dans l'administration publique de la vraie vie, chaque employé peut choisir ses propres règles)

- Ah non non, il n'y a pas votre nom dessus je peux rien faire avec ça.

En désespoir de cause, je lui présente quand même une facture de téléphone portable, puisque là, y a mon nom et mon adresse, en priant secrètement que mon interlocuteur ne soit pas au courant qu'elle est interdite. J'ai quand même risqué fort : quand on entre au service des élections, il est écrit noir sur blanc en grosses lettres sur la porte :

Justificatifs de domicile : facture d'électricité, facture de téléphone (pas de portable), quittance de loyer, etc. etc.

Et là, Bingo!!!! , ça passe, le gars est un peu amorphe, il dit :

- Aaah, mais c'est un vrai justificatif ça, y a votre nom et adresse dessus, ça je peux le prendre!

Il la prend sans broncher...Au même moment, une autre secrétaire au téléphone répond bien fort à un citoyen qui demande quelque chose sur les justificatifs, "Ah non monsieur, la facture de téléphone portable ça marche pas". Je prie (encore) pour que Monsieur reste amorphe. En effet, il photocopie dans la foulée mon beau justificatif Officiel, et en 30 secondes mon papier de confirmation d'inscription sort de l'imprimante.

Incroyable : même pour prendre notre droit de vote, l'administration publique nous met des bâtons dans les roues.